L'administration Clinton refuse de reconsidérer le cas de Mumia Abu-Jamal
Quelle leçon de politique !

Comité international Vie sauve pour Mumia Abu-Jamal

Neuf jours avant son départ, l'Administration Clinton annonce son refus d'une intervention fédérale sur la

violation des droits constitutionnels de Mumia Abu-Jamal !
Le 11 décembre 2000, une délégation ouvrière internationale de responsables syndicaux et politiques a été reçue au Ministère de la Justice des Etats-Unis, par le responsable de la division des droits civiques Stuart Ishimaru. Cette délégation se déroulait après un premier rendez vous le 12 janvier 2000 avec M. Ishimaru, au cours duquel une première délégation internationale avait demandé au Ministère de la Justice d'ouvrir une enquête fédérale sur les 29 violations répertoriées des droits  constitutionnels de Mumia Abu-Jamal, un prisonnier politique jeté dans le couloir de la mort de Pennsylvanie il y a 18 ans.

Monsieur Ishimaru avait déclaré à la délégation ouvrière internationale le 11 décembre que le Ministère de la Justice n'avait pas encore pris une décision concernant une intervention du gouvernement fédéral. Mais sous le pression incessante des membres de la délégation, il s'était engagé à fournir un document complet sur la décision que prendrait le Ministère de la Justice avant la fin de l'Administration Clinton.

Le 10 janvier 2001, M. Ishimaru annonçait la décision du Ministère de la Justice dans une lettre adressée par fax à BaldemarVelasquez, président du FLOC (Syndicat des travailleurs agricoles, affilié à l'AFL-CIO) et porte-parole de la délégation ouvrière internationale.La réponse, longuement attendue, était brutale : "Nous (le Ministère de la Justice) avons étudié avec attention  les circonstances entourant l'arrestation de M. Abu-Jamal, la procédure d'accusation contre lui et sa condamnation. Comme conclusion de cette étude, nous avons déterminé qu'une enquête fédérale pour savoir si les droits civiques de M. Abu-Jamal ont été violés par la Police de Philadelphie ou par d'autres institutions de cette ville n'est pas justifiée à cette étape." Nous, soussignés, qui avons participé ou qui avons soutenu ces deux délégations internationales au Ministère de la Justice des Etats-Unis,  pour sauver Mumia Abu-Jamal, sommes indignés par cette décision ainsi que par les justifications fallacieuses du Ministère de la Justice pour ne pas mener cette enquête fédérale sur la violation des droits civiques. Nous ne pouvons accepter cette décision ! Pour se justifier, le Ministère de la Justice prétend que : "Le principe de prescription pour enquêter sur les violations de droits civiques est expiré dans ce cas et il n'y a pas suffisamment de preuves pour établir qu'une conspiration persistante justifie de ne pas se limiter strictement aux délais de ce principe".  Inacceptable ! Anticipant cet argument, la délégation internationale avait transmis à M. Ishimaru, le 12 janvier 2000, un mémorandum démontrant la conspiration ininterrompue contre Abu-Jamal. Ce document démontrait comment, au cours des cinq dernières années, les droits de Mumia Abu-Jamal en prison avait été systématiquement violés. Le document démontrait également que de nouvelles menaces avaient été proférées à l'encontre de témoins potentiels.
Le Ministère de la Justice prétend également :

"De plus, nous notons que la crédibilité de nombre de témoins soutenant les affirmations de M. Abu-Jamal a été mise en cause par des Cours d'Etat qui ont revues les minutes du procès. Bien que nous ne formulions aucune opinion sur la fiabilité de quelque témoignage que ce soit, de telles considérations négatives sur leur crédibilité pose de sérieux défis à la viabilité d'une procédure criminelle sur les droits civiques." A quels témoins le Ministère de la Justice se réfère-t-il ? Pourquoi ne les nomme-t-il pas ? Qui pourrait accepter des allusions aussi vagues sur des soit-disant « considérations négatives » ?  La question de la crédibilité des témoins est exactement l'opposé de ce M. Ishimaru voudrait nous faire croire. Comme le démontrant abondamment et clairement les documents transmis par la délégation internationale, les témoins ont été menacés afin qu'ils fassent de faux témoignages. Veronica Jones en est un exemple. De plus deux témoins de l'accusation, Cynthia White et Robert Chobert, ont bénéficié de traitements de faveurs de la part de la police en échange de leurs témoignages, comme la levée de poursuites judiciaires dont ils étaient menacés. Parlons de « crédibilité négative ». Premièrement, Cynthia White (la prostituée qui a bénéficié d'un traitement de faveur de la part des forces de police) avait tout d'abord déclaré à la police que le tireur qui a tué l'officier de police de Philadelphie Daniel Faulkner était de petite taille, alors que Abu-Jamal est grand et maigre. Deuxièmement, Robert Chobert, le chauffeur de taxi en liberté provisoire et conduisant sans permis de conduire, qui a demandé l'aide du procureur à propos de son gagne-pain, a décrit le tireur comme étant forte corpulence, et d'un poids qu'il a estimé à 25 kilogrammes de plus que le poids de Mumia Abu-Jamal. Troisièmement Michael Scanlan (le témoin de l'accusation le plus fiable concernant les faits) a affirmé que le tireur avait une coupe de cheveux « afro », alors que le signe le plus distinctif de Mumia Abu-Jamal sont ses dread-locks.

Non ! Nous ne pouvons accepter une telle déformation des faits ! Le Ministère de la Justice prétend également que :

"Les irrégularités affirmées concernant le comportement de la police, des procureurs et autres autorités, ainsi que la présentation des preuves physiques ne sont pas suffisamment étayées par des preuves pour établir le haut niveau d'intention criminelle requis pour que soit rendue nécessaire une procédure criminelle sur les droits civiques" « Pas suffisamment étayée par des preuves » ? Le Ministère de la Justice a pris connaissance du document d'information détaillée, concernant les violations des droits civiques et constitutionnels, la manipulation et de la fabrication de preuves, la faiblesse de sa défense pendant la phase d'instruction du procès, la manière dont le procès et l'appel ont été menés, la sélection du jury et les procédures irrégulières de sélection du jury, la phase de condamnation du procès, et la façon dont se sont déroulées les procédures postérieures à la condamnation. Une seule de ces violations aurait justifié une enquête fédérale sur les droits civiques, au regard des obligations légales du Ministère de la Justice des États-Unis. Les preuves étaient réunies : elles exigeaient une enquête fédérale !

Le Ministère de la Justice conclut sa lettre en prétendant que :
"Enfin, nous avons appris que M. Abu-Jamal a déposé une demande de pétition pour un habeas corpus fédéral. Ceci, plus qu'une procédure criminelle fédérale, semble être la forme la plus appropriée pour saisir des irrégularités affirmées concernant le procès de M. Abu-Jamal". Monsieur Ishimaru et le Ministère de la Justice savent parfaitement que les demandes d'Abu-Jamal de trouver un recours dans les cours de Justice ont été refusées de façon répétée. C'est précisément le comportement de l'ensemble du système judiciaire de Pennsylvanie dans la condamnation de Mumia Abu-Jamal qui exigeait que soit menée une enquête fédérale. Les avocats de Mumia Abu-Jamal ont déposé une pétition pour une demande d'Habeas Corpus », dans une Cour fédérale de district. Le juge fédéral de district William Yohn, devrait décider prochainement si oui ou non, Mumia Abu-Jamal aura droit à une nouvelle audience des témoins, un nouveau procès ou un jugement sommaire en sa faveur. Or, le juge Yohn a refusé tout simplement d'examiner les quatre documents « d'Amicus briefs », dont l'un avait été préparé par 22 membres du Parlement britannique, sur le cas de Mumia Abu-Jamal. En réponse à cet acte sans précédent, les avocats d'Abu-Jamal ont déposé un « Writ of Mandamus », pour exiger que ces « Amicus Briefs » soient considérés comme des preuves - cette demande a été refusée le jour même où la délégation internationale a été reçue au Ministère de la Justice.  Le refus continuel d'accepter comme preuve tous les nouveaux documents sur les irrégularités commises, est précisément la raison pour laquelle la délégation internationale  a enjoint explicitement le Ministère de la Justice à faire son travail sans tenir compte de ce que les cours de justice feraient ou ne feraient pas.  Mais une décision a été prise. Nous soussignés, devons dire les choses clairement : En refusant d'ouvrir une enquête, l'administration Clinton endosse la responsabilité directe de tout ce qui pourra arriver à Mumia sous l'administration Bush.

Clinton et Reno avaient le pouvoir et les compétences pour intervenir, ils auraient pu ouvrir une enquête fédérale sur les droits civiques et établir les bases d'un nouveau procès, mais ils ont refusé de le faire !  Si Mumia est exécuté, l'administration Clinton en portera la responsabilité directe !

Mais nous n'allons pas permettre que cela arrive !
Par la mobilisation en masse à l'échelle internationale, nous pouvons, et nous le ferons, stopper ce crime atroce !

Pour notre part, Comité international Vie sauve pour Mumia Abu-Jamal, nous ne laisserons pas inachevé le combat pour le respect des droits démocratiques que nous avons engagé. Nous en appelons à l'unité la plus large, nous en appelons aux millions d'êtres humains pour qui la Démocratie et la Justice ne sont pas de vains mots, nous en appelons aux travailleurs et à la jeunesse, aux organisations ouvrières et démocratiques et en particulier au mouvement syndical, qui, à partir des États-Unis, sous le mot d'ordre de "Labor for Mumia" a commencé à s'engager dans le combat ! Nous vous appelons à vous préparer à manifester devant les ambassades américaines du monde entier, à vous y rendre en délégation... Nous exigeons de tout chef d'État et de gouvernement qu'il prenne immédiatement position auprès de la nouvelle administration américaine pour : Intervention fédérale immédiate sur la violation des droits civiques!  Un nouveau procès immédiatement
!