New York, 26 octobre 2000
Mumia Abu-Jamal s'adresse à plusieurs milliers de postiers syndiqués

Le 26 octobre, plusieurs milliers de postiers se sont réunis face à l'imposant immeuble de la poste générale à Manhattan, exigeant de la direction qu'elle négocie un nouveau contrat collectif plus juste. Des postiers venus du Connecticut, du New Jersey et d'encore plus loin ont participé au meeting, à l'appel de la section syndicale New York Metro et de la section syndicale "Local 300" du syndicat des facteurs.
Parmi les différents discours et messages de solidarité, un a été mis en exergue. La lettre qui suit a été lue, interrompue à de nombreuses resprises par des tonnerres d'applaudissements : « Je vous remercie de l'occasion que vous me donnez de soutenir vos efforts pour obtenir un nouveau contrat collectif pour les employés des services postaux. Nous vivons à une époque où le simple mot de "syndicat" a une connotation négative, dont la seule explication est le contrôle de la presse par le grand capital et l'ignorance crasse de sa propre histoire dont fait preuve l'Amérique. Beaucoup considèrent la semaine de 40 heures, les deux semaines de congés payés, les lois interdisant le travail des enfants, les allocations de chômage comme des choses normales. C'est presque comme si les acquis sociaux n'étaient que les cadeaux du bon vouloir du gouvernement et comme si ils avaient toujours été là. Ce que vous, travailleurs syndiqués à l'American Postal Workers Union, savez, et dont la plupart des Américains ne se rendent pas compte, c'est que ces acquis ont été arrachés de haute lutte. Des gens se sont battus, ont versé du sang, ont été emprisonnés, et certains sont morts pour que ces acquis sociaux nous profitent aujourd'hui. Vous rendez-vous compte que la Cour suprême des Etats-Unis a un jour accusé les syndicats de "conspiration criminelle" ? Vous souvenez-vous d'avoir jamais entendu parler de "conspiration criminelle" en ce qui concerne les multinationales multimilliardaires qui sous-payent les travailleurs ici et dans le reste du monde ?
Alors qu'il est vrai qu'en tant que fonctionnaires, et de ce fait n'ayant pas le droit de faire grève, vos revendications de salaires décents, de bonnes conditions de travail et d'obtenir le respect de vos patrons sont celles de tous les travailleurs.
Je suis honoré de me joindre à d'autres pour soutenir vos justes efforts, et je vous remercie pour votre invitation. »
Le lecteur marqua un temps d'arrêt, puis déclara d'une voix forte : "C'est signé : Ona Move ! Long  live John Africa ! Votre camarade syndiqué, Mumia Abu-Jamal."
Cette phrase fut saluée par un tonnerre d'applaudissements.
(Informations transmises par "Labor for Mumia")