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(en anglais)

 

Leonard Peltier est un prisonnier de guerre, l'une des nombreuses victimes de la guerre cachée menée par le gouver-nement américain contre l'American Indian Movement (AIM) et ceux qui le soutiennent. Cette opération, conduite par la police secrète américaine - le Bureau Fédéral d'Investigation (FBI) - au milieu des années 1970, eut pour résultat la mort d'un grand nombre de militants, des centaines de blessés et l'emprisonnement des survivants.

Peltier, un militant de l'AIM, accomplit actuellement deux peines de prison à vie consécutives, au pénitencier fédéral de Leavenworth, Kansas, pour le meurtre présumé de deux agents du FBI, tués le 26 juin 1975 lors d'un échange de coups de feu sur la réserve de Pine Ridge, Dakota du Sud. Les charges pour lesquelles il a été incarcéré, aussi bien que les preuves qui ont entraîné sa condamnation ont été entièrement fabriquées par le FBI.

Leonard Peltier, un Anishinabe-Lakota, né en 1944 dans le Dakota du Nord, a grandi sur la réserve de Turtle Mountain. En 1958, durant la période où les Etats-Unis ont essayé de "terminer" les réserves et de "reloger" les Indiens dans les ghettos urbains ; il rejoignit ses parents sur la côte pacifique Nord, vivant à Seattle et à Portland.

Peltier se trouva pour la première fois en contact avec les luttes de l'AIM quand il participa en 1970 à l'occupation du Fort Lawton, une base militaire abandonnée et qui était légalement une terre indienne. C'est là qu'il entra en relation pour la première fois avec les dirigeants de l'AIM. Leonard attribue son engagement dans la politique de l'AIM au racisme et à l'oppression des peuples Indigènes dont il a été le témoin et la victime pendant son enfance sur la réserve. Il déclarait : "Cela a eu un effet sur moi très fort et je me jurais à ce moment que, quand je serai grand, j'aiderai mon peuple." Il vit dans l'émergence de l'American Indian Movement un moyen qui lui était offert pour apporter cette aide.

Aprè l'occupation du Fort Lawton, Peltier devint de plus en plus impliqué dans les activités de l'AIM. En 1972, il était à Milwaukee, Wisconsin, un des organisateurs de The Trail of Broken Treaties (la Piste des Traités Violés), une marche qui, partant des réserves, à travers tout le pays, s'est terminée au Bureau des Affaires Indiennes (BIA) à Washington D.C. La marche, destinée à attirer l'attention du public sur l'oppression dont étaient victimes les Indiens, se termina - à la suite de la réaction stupide et outrée de l'administration de Nixon - par l'occupation non prévue du quartier général du BIA. Ce fut à l'issue de cette manifestation qu'il apparut, pour la première fois, que Leonard Peltier était la cible du FBI en vue d'être "neutralisé". Le 22 novembre 1972, Leonard fut attaqué lors d'un dîner à Milwaukee par deux policiers en dehors de leur fonction. Il fut frappé durement et ensuite accusé d'avoir voulu les tuer. Peltier fit 5 mois de prison avant de pouvoir être libéré sous caution et ayant peu confiance en l'honnêteté des tribunaux, il demeura caché dès qu'il fut libéré. Il fut ensuite acquitté quand il apparut que les policiers avaient agi sur ordre du FBI. Après sa relaxe à Milwaukee, Leonard poursuivit son travail en tant que responsable AIM. Deux ans plus tard, ce travail allait le mettre face à face avec le FBI, lors d'une fusillade sur la réserve de Pine Ridge, Dakota du Sud.

 


LES EVENEMENTS SUR LA RESERVE DE PINE RIDGE

Pour comprendre comment cela est arrivé, il faut connaître un peu l'histoire de Pine Ridge et le rôle que le FBI y a joué. En 1972, alors que The Trail of Broken Treaties avançait vers Washington D.C., un homme nommé Richard "Dickie" Wilson fut élu président du Conseil Tribal de Pine Ridge. Les gouvernements tribaux des Nations Indiennes fonctionnent comme les régimes des colonies américaines. C'est là une forme étrangère de gouvernement imposée par les Etats-Unis pour administrer la réserve au bénéfice des ranchers non-Indiens et des corporations. Ces gouver-nements demeurent libres de gouverner la réserve aussi longtemps qu'ils n'interfèrent pas avec l'objectif prioritaire qui est l'extraction des ressources. Le rôle de la garde nationale coloniale est assuré par la police du BIA et le FBI. Quand Wilson vint au pouvoir, il se développait sur Pine Ridge un mouvement de retour au traditionalisme de la part des Oglala, qui s'efforçaient de suivre les voies spirituelles et culturelles de leurs ancêtres afin de reprendre le contrôle des terres et des ressources qui leur étaient garanties par le Traité de Fort Laramie de 1868. Le premier objectif de Wilson fut de mettre fin à ce mouvement. Pour y parvenir, il créa une force terroriste appelée les GOON (Guardians Of the Oglala Nation), secrètement équipée et financée par le gouvernement américain. Comme les escadrons de la mort du Salvador, du Guatemala ou d'autres endroits, les goons étaient composés du même personnel que les forces officiellement soutenues par les Etats-Unis - dans ce cas, la police du BIA. Cette structure permettait au gouvernement de se différencier des activités des goons et de se présenter comme un pacificateur impartial, fortuitement impliqué dans un conflit insensé entre des groupes d'Indiens en guerre. Alors que les goons commen-çaient une campagne de terreur dirigée contre les traditionalistes et que les militants revenaient du Trail of Broken Treaties, le FBI - légalement responsable des enquêtes criminelles sur la réserve - ignorait simplement les plaintes contre les violations des droits civiques, le harcèlement des militants et les agressions.

 

WOUNDED KNEE

En février 1973, des traditionalistes Oglala demandèrent à l'American Indian Movement de les protéger contre la violence des goons. Le 28, à la suite d'un meeting tenu près du village de Pine Ridge, une caravane de plusieurs centaines de traditionalistes, de membres de l'AIM et de sympathisants se rendit à Wounded Knee et, dans un geste symbolique de protestation, occupa le petit hameau. Ils se réveillèrent le lendemain, entourés par un grand nombre d'agents du FBI puissamment armés, d'officiers de police U.S., de goons et de vigilantes. Les occupants firent une déclaration demandant une enquête parlementaire à propos des Traités et une investigation sur le BIA. Ils laissaient au gouvernement le choix de négocier sur leur demande ou de les déloger par la force. Les assiégeants renforcèrent aussitôt leurs positions en hommes et en armement. Ainsi commença le siège de Wounded Knee qui devait durer 71 jours, attirant l'attention mondiale sur la réserve de Pine Ridge.

Des "conseillers" militaires U.S furent directement - de manière illégale et pratiquement depuis le début - impliqués dans le siège et un armement de type militaire fut utilisé sur la réserve. Des véhicules semblables à des chars d'assaut appelés armored personnel carriers (APC), des hélicoptères Huey, des mitrailleuses de calibre 50, des lance-grenades M-79, des fusils d'assaut M-16 furent amenés et braqués sur les occupants. Les centaines de milliers de coups tirés sur le village, prirent la vie de deux guerriers - Frank Clearwater et Buddy Lamont - et en blessèrent des douzaines d'autres. Un certain nombre de sympathisants qui, durant la nuit, transportaient sur leurs dos des provisions vers le village à travers les lignes fédérales, ont tout simplement disparu. On pense généralement qu'ils ont été tués par les patrouilles des goons et enterrés quelque part sur la réserve. Le siège se termina en mai 1973 avec la promesse du gouvernement de négocier sur le problème des Traités.

Contrastant avec son inaction quand les victimes étaient des membres de l'AIM, le FBI porta l'accusation contre l'AIM avec une grande délectation. Le siège entraîna l'arrestation de 562 personnes, dont 185 furent inculpées, en grande partie sur des accusations absolument sans fondement et, finalement acquittées. Seulement 15 personnes furent condamnées sur des charges en rapport avec Wounded Knee, la plupart pour des délits mineurs, comme entrave à l'action d'un fonctionnaire fédéral, ou pour des charges "collatérales" résultant des procès eux-mêmes, comme outrage au tribunal. Les procédures judiciaires pour les cas présentés furent marquées par la malhonnêteté du gouvernement. Le Wounded Knee Leadership Trial (le Procès des Chefs de Wounded Knee) de Russell Means et de Dennis Banks est un exemple classique d'un tel usage des Cours de Justice à des fins politiques ; des accusations qui dans ce cas, furent rejetées par le Juge Fred Nichol après qu'il ait été prouvé que le gouvernement avait volon-tairement présenté une preuve erronée, infiltré l'équipe des avocats avec un agent du FBI et menti au juge à propos de ces deux faits. En prononçant l'acquittement, le Juge Nichol écrivit, indigné : "Les eaux de la Justice ont été salies et l'acquittement est, je crois, le remède à cette pollution...". De tels exemples de malhonnêteté auraient pu être mis en évidence lors des procès de nombreux militants de l'AIM durant les quatre années qui suivirent, mais, malheureusement, peu de juges fédéraux ont eu l'intégrité du Juge Nichol.


LA TERREUR SUR LA RESERVE

Alors que les accusés de Wounded Knee étaient trainés devant les tribunaux, la violence montait sur Pine Ridge. Durant les deux années qui suivirent l'occupation de Wounded Knee, plus de soixante membres de l'AIM et sympathisants moururent des mains des goons et des centaines furent victimes d'agressions et de harcèlements. Dick Wilson retrouva son poste en 1974, lors d'une élection décrite par la Commission des Droits Civiques comme "entachée de fraude". Dans les cinq premiers mois de 1975, il y eut 18 assassinats sur Pine Ridge et la situation était devenue si tendue que peu de personnes osaient sortir sans arme. Le taux des meurtres politiques sur la réserve pour la période 1972-1976 fut de 170 pour 100 000, exactement le taux pour le Chili dans les trois années qui suivirent le coup de force de Pinochet, soutenu par les Etats-Unis.

Pendant toute cette période, le FBI en tant que soi-disant gardien de la paix, ne put obtenir qu'une seule preuve concernant le meurtre d'un militant de l'AIM et les plaintes pour aggression et harcèlement demeurèrent sans suite. Confronté sur ce manque de résultats dans l'application de la mission dont il était légalement chargé, le FBI affirma qu'un "manque de personnel" l'empêchait d'enquêter sur les plaintes. Pourtant, un bref examen sur les effectifs du FBI durant la même période montre que, entre le milieu de 1972 et la fin de 1973, le personnel affecté à l'agence de Rapid City - dont l'attention, à ce moment, était presque exclusivement dirigée sur Pine Ridge - avait été multiplié par 7, donnant à la réserve le taux le plus élevé d'agents par citoyen de tous les Etats-Unis.

Il est clair que ce ne fut pas un manque d'effectifs qui empêcha les enquêtes sur les crimes perpétrés contre les membres de l'AIM et ses sympathisants, mais une politique consciente de poursuites sélectives. Alors que le FBI constituait de volumineux dossiers sur les membres de l'AIM et les mettait en prison pour des délits mineurs, aucune enquête n'était faite sur les crimes les plus graves commis par les goons : meurtres, viols et agressions. En fait, la chasse à l'AIM et ses sympathisants était déclarée ouverte.


L'APPEL DES TRADITIONALISTES

Au début du printemps 1975, des Anciens traditionalistes du village d'Oglala, sur Pine Ridge, demandèrent que le groupe "Nord-Ouest" de l'AIM - dont Leonard Peltier était membre - les aide à défendre leur communauté contre les attaques des goons. En conséquence, l'AIM établit un camp sur les terres de la famille Jumping Bull, à environ 3 kms au sud d'Oglala, sur l'autoroute 18, et commença des patrouilles afin de contrecarrer les activités des goons.

L'effet immédiat de ces mesures fut la réduction du terrorisme des goons dans la région. Durant la même période, il y eut de nombreux signes de l'attention que portait le FBI au camp établi par l'AIM. Une note du FBI, daté de la première semaine de juin, déclare : "Il y a là beaucoup d'Indiens, presque exclusivement des membres et sympathisants de l'AIM sur la réserve." La note poursuivait en affirmant, de manière erronée, que des enclaves fortifiées avaient été construites et qu'elles exigeraient l'usage de véhicules blindés pour être enlevées. De telles fortifications n'ont jamais existé, mais ce genre d'information a eu pour effet de préparer "psychologiquement" les agents à une confrontation armée avec l'AIM.


LA FUSILLADE

Le matin du 26 juin 1975, les habitants d'Oglala remarquèrent qu'un grand nombre de forces de police paramilitaires (goons, police du BIA, officiers de police U.S, équipes SWAT du FBI) se massaient dans la région. Vers 11h30, les Agents Spéciaux du FBI (SA) Ronald Williams et Jack Coler pénétrèrent en voiture sur la propriété des Jumping Bull, poursuivant un pickup truck (camionnette) rouge qu'ils présumaient conduit par Jimmy Eagle. Eagle, un jeune Oglala, était recherché par le FBI pour le vol d'une paire de bottes de cow-boy. Ainsi, malgré ce que prétendait le FBI, à savoir qu'il ne pouvait enquêter sur les nombreux meurtres dont étaient victimes les membres de l'AIM et ses sympathisants par "manque d'effectifs", deux agents avaient été désignés pour s'occuper d'un adolescent suspecté tout au plus, d'un petit vol. De toute façon, les agents n'avaient pas de mandat d'arrêt contre Eagle. Quand les deux membres de l'AIM qui se trouvaient dans le pickup truck virent qu'ils étaient suivis par les agents Coler et Williams alors qu'ils roulaient en direction du camp de l'AIM, ils s'arrêtèrent et, craignant une attaque des goons, ils descendirent du véhicule avec leurs armes. Selon un des occupants du pickup truck, les agents s'arrêtèrent et sortirent de leurs véhicules l'arme à la main, et un des agents, probablement l'agent Coler, tira sur eux avec un fusil. Les hommes de l'AIM ripostèrent et, comme les agents se mettaient à couvert derrière leurs voitures, ils retournèrent dans le pickup truck et se dirigèrent à l'Est de la propriété des Jumping Bull. Les agents continuèrent à tirer sur eux alors qu'ils s'éloignaient.

En entendant des coups de feu venant de la direction de la propriété des Jumping Bull, ceux qui se trouvaient dans le camp de l'AIM crurent qu'ils étaient l'objet d'une attaque des goons ou des vigilantes. Ils accoururent en direction du bruit de la fusillade, les armes à la main et, voyant deux Blancs en costume civil tirant sur les maisons, ils commencèrent à riposter. En peu de temps, des renforts fédéraux commencèrent à envahir la propriété des Jumping Bull. Quand il devint évident qu'ils étaient encerclés par un grand nombre de policiers bien armés, les membres de l'AIM décidèrent de prendre les agents en otage comme monnaie d'échange avec les assiégeants. Pour cela, ils se déployèrent vers l'Ouest, à l'abri des arbres qui bordent la crique de White Clay et s'approchèrent d'eux par derrière. Quand ils ne furent plus qu'à 50 mètres des agents, ils virent le pickup truck rouge s'approcher des agents et s'arrêter. Ils entendirent plusieurs coups de feu provenant de l'endroit où se tenaient les agents puis virent le pickup truck s'éloigner. Quand ils s'approchèrent des agents, les hommes de l'AIM découvrirent qu'ils avaient été tués tous les deux. Dans leurs voitures, ils trouvèrent des équipements marqués : FBI Denver. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'ils surent que les agresseurs étaient du FBI.

On apprit plus tard que les deux hommes du pickup truck rouge s'étaient aussi approchés des deux agents dans l'intention de les capturer. Le conducteur arrêta le truck près des agents et son compagnon sortit un fusil AR-15 et s'approcha d'eux. Selon sa version, quand l'agent Williams leva son revolver et fit feu sur lui, il réagit en ouvrant le feu sur les agents, les tuant tous les deux. Il remonta alors dans le pickup truck , puis ils s'éloignèrent, dépassèrent Adams (Agent Spécial du FBI) et Two Bulls (officier de la police du BIA) qui étaient cachés là et quittèrent les lieux.

En début d'après-midi, le nombre de policiers impliqués dans la fusillade atteignait près de 200. Ils faisaient face à un groupe de huit personnes, et quelques adultes et adolescents venant du camp de l'AIM. À 16h30, le FBI, renforcé par des équipes du SWAT en provenance de Minneapolis et Chicago, décida qu'il disposait des forces suffisantes pour donner l'assaut. A ce moment, Edgar Bear Runner, un sympathisant local de l'AIM, fut envoyé pour essayer de négocier une reddition. Quand Bear Runner revint, annonçant que les agents Coler et Williams étaient morts et que les défenseurs avaient disparu, le FBI donna l'assaut, gazant les maisons et tirant à vue sur n'importe quoi.

Joe Stuntz Killsright, un membre de l'AIM, trouva également la mort dans la fusillade ; selon le rapport officiel, il fut tué par une balle tirée de loin par un tireur d'élite du FBI et qui l'atteignit au front. Des rapports contradictoires sur la nature des blessures de Killsright ont fait naître le soupçon qu'il avait pu être blessé au cours de la fusillade et être exécuté ensuite par le FBI. Contrastant avec l'enquête intensive qui suivit la mort des agents Coler et Williams, il ne fut fait aucune enquête sur la mort de Joe Stuntz Killsright.
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Bien que la mort des agents Coler et Williams n'ait probablement pas été voulue, la provocation déclenchée par la fusillade atteignit son objectif prémédité : la justification d'un assaut paramilitaire massif contre l'AIM. Durant les jours suivants, il y eut plus de 180 agents du FBI sur Pine Ridge. Avec les officiers de police U.S, la police du BIA et les goons, ils effectuèrent des raids durant les trois mois suivants, à la fois sur Pine Ridge et sur la réserve voisine de Rosebud, raids clairement destinés à terroriser les membres de l'AIM et ses sympathisants. Des groupes furent équipés avec la panoplie complète de l'armement anti-guerilla, dans le style de la guerre du Viet-Nam. Prétendant rechercher les participants de la fusillade, ils enfonçaient les portes des maisons, conduisaient des recherches sans mandat, procédaient à des saisies illégales, détruisaient des biens privés, maltraitaient et menaçaient les habitants et arrêtaient les gens avec des mandats illégaux. Un rapport de la Commission des Droits Civiques note : "de nombreux rapports et plaintes contre des menaces, harcèlements et perquisitions conduites en dehors des formes légales..." et le président de la Commission, Arthur J. Flemming, décrivit l'opération comme : "Une réaction excessive qui prit l'aspect d'une vendetta (...) Une invasion de type militaire à grande échelle". En dépit de la dimension et de l'intensité de la chasse à l'homme, aucun des participants à la fusillade ne fut appréhendé sur Pine Ridge.

Afin de s'assurer le soutien de l'opinion publique à de si massives violations des droits constitutionnels, le FBI conduisit une intense campagne de désinformation. À travers tous les Etats-Unis, d'énormes titres de journaux proclamaient la version du FBI selon laquelle les malheureux agents, dans l'exercice de leurs fonctions, étaient, à Wounded Knee, "tombés dans une embuscade tendue par des 'guerrilleros de l'AIM' sortant de 'bunkers sophistiqués' ". Des journaux qui n'avaient pas montré le moindre intérêt pour l'assassinat systématique de dizaines de membres de l'AIM sur Pine Ridge, publiaient maintenant de sinistres - et entièrement fictives - descriptions des agents exécutés suppliant qu'on les laisse en vie, le corps criblé de balles de mitrailleuses. La technique fut si efficace que, même les médias "libéraux" dénoncèrent les victimes de cette vaste opération terroriste et non les coupables.


LE PROCÈS DE LEONARD PELTIER

Par la suite, des mandats d'arrêt furent lancés contre quatre membres de l'AIM. L'un d'eux, Jimmy Eagle, y fut apparemment inclus simplement pour justifier la présence des agents sur la propriété des Jumping Bull ; il n'y avait en effet aucun lien entre Jimmy Eagle et la mort des agents. Il n'est pas surprenant que les trois autres inculpations - deux inculpations de meurtre au premier degré et une de "complicité" - furent prononcées contre ceux que le FBI avait désignés comme étant le leadership du groupe Nord-Ouest de l'AIM : Darelle "Dino" Butler, Leonard Peltier et Bob Robideau. Dino et Bob furent arrêtés et jugés à Cedar Rapids, Iowa, en juin 1976, par le Juge Edward McManus pour complicité dans le meurtre des agents. Pendant ce temps, Leonard était en fuite au Canada. La défense établit que l'atmosphère de terreur qui existait sur la réserve avait contribué directement à la fusillade. Une description des agressions massives qui avaient eu lieu sur Pine Ridge et de la complicité du FBI fut présentée au jury qui acquitta les accusés et conclut : "(...) qu'une atmosphère de peur et de violence existe sur la réserve et que les accusés peuvent plaider qu'ils ont tiré en se défendant. Alors qu'il a été démontré que les accusés avaient tiré des coups de feu dans la direction des agents, il a été soutenu que cela n'était pas excessif dans le feu de l'action."

L'issue du procès fut, à l'évidence, si désagréable pour le gouvernement que James Bolin, le président du jury, fit ce commentaire : "Quand nous avons prononcé le verdict, j'ai pensé que les officiers de police U.S allaient nous tuer tous les douze sur place". Devant cette sévère défaite, le FBI et les procureurs fédéraux tenaient maintenant à la condamnation du dernier accusé, Leonard Peltier, par tous les moyens, légaux ou autres. Les charges contre Jimmy Eagle furent abandonnées. "(...) Ainsi tout le poids de la procédure pourrait être concentré sur Leonard Peltier." Montrant aussi peu de considération pour la souveraineté du Canada que pour celle des Nations Indigènes, les Etats-Unis violèrent le traité d'extradition établi entre les deux pays en extradant Peltier de manière frauduleuse.

Durant la procédure d'extradition, les Etats-Unis présentèrent des affidavits signés par une femme nommée Myrtle Poor Bear qui déclarait avoir vu Peltier tuer les agents Coler et Williams. Il fut révélé plus tard que des agents du FBI avaient forcé Myrtle Poor Bear à signer de faux documents qu'ils avaient préparés. Sur la base de cette fraude, le Canada ordonna l'extradition de Peltier qui fut renvoyé aux Etats-Unis le 16 décembre 1976.

Alors que la procédure d'extradition se déroulait au Canada, le FBI faisait une analyse attentive de ce qui avait mal fonctionné au tribunal de Cedar Rapids. Les résultats de cette analyse ont été consignés dans un document daté du 20 juillet 1976. Il y est noté que :

(...) la Défense avait eu la liberté de poser des questions aux témoins, la Cour avait autorisé des témoignages concernant des opérations illégales des services secrets du FBI, contre d'autres dissidents, le Gouvernement avait été contraint de présenter des rapports d'agents concernant l'incident, et la Défense avait été autorisée à interroger ces agents à propos des contradictions entre leurs témoignages et leurs rapports écrits, la Défense a été autorisée à présenter des témoignages selon lesquels : "... les meurtres avaient été causés par le climat de peur que le FBI avait créé sur la réserve", la Défense avait eu des rapports non contrôlés avec les médias, le jury n'avait pas été isolé, le jury avait été "troublé" par une information "non pertinente" présentée par la Défense, telle que des témoignages concernant une mauvaise conduite massive du FBI sur Pine Ridge.

Une fois cette analyse faite, le FBI pouvait alors acheter un juge plus coopératif que ne l'avait été le Juge McManus. Ils le trouvèrent en la personne du Juge Paul Benson. Le procès de Leonard Peltier, accusé de deux meurtres au premier degré, s'ouvrit le 21 mars 1977 à Fargo, Dakota du Nord. Le Juge Benson ayant décidé que Peltier était jugé comme "auteur principal du crime", l'argument d'auto-défense ne pouvait être invoqué ; cela peut difficilement être considéré comme fortuit. En conséquence, les témoignages concernant l'atmosphère de terreur sur Pine Ridge et le rôle qu'y a joué le FBI étaient jugés non pertinents et aucun témoignage concernant d'autres opérations illégales du FBI n'était autorisé. De plus, la défense s'est vue restreindre la possibilité de poser des questions aux témoins et il n'a pas été permis aux avocats de la défense d'interroger les agents à propos des contradictions entre leurs rapports écrits et leurs témoignages.

Il y eut un blackout des médias et le jury fut isolé, une procédure connue pour être hautement préjudiciable à l'accusé. Quand la défense essaya d'appeler Myrtle Poor Bear comme témoin pour qu'elle décrive de quelle manière elle avait été contrainte par le FBI à signer de faux affidavits impliquant Peltier, le Juge Benson s'y opposa. Il décida : "...permettre à son témoignage d'être présenté au jury embrouillerait les questions, pourrait égarer le jury et être hautement préjudiciable". Ces règles arbitraires et dommageables scellèrent le sort de Peltier avant même le début du procès. En empêchant de présenter une défense efficace, sa condamnation était inévitable et le succès d'un appel peu vraisemblable.

En définitive, l'accusation reposa sur une chaîne peu solide de preuves indirectes. Le procureur proclama que les deux agents avaient signalé qu'ils suivaient un van rouge et blanc et non un pickup truck rouge quand la fusillade commença. Peltier était connu pour conduire un van rouge et blanc. Le rapport de l'officier chargé des autopsies des deux agents fut présenté : il indiquait qu'ils avaient été tués tous les deux à bout portant par une arme de petit calibre et à tir rapide. Des témoins oculaires certifièrent que Peltier portait un AR-15, calibre 223, le jour de la fusillade. L'AR-15 est une arme de petit calibre et à tir rapide. L'accusation souligna le fait qu'un seul AR-15 avait été utilisé pendant la fusillade. Cependant, le témoignage oculaire était suspect. Par exemple, un des témoins, l'agent du FBI Fred Coward, témoigna qu'il avait identifié Peltier (qu'il n'avait jamais vu auparavant) à travers un fusil à lunette de puissance 2x7, à une distance de plus d'un demi mile. Il fut démontré qu'une telle identification était impossible dans les conditions atmosphériques régnant à ce moment, du fait de la distortion de l'atmosphère. Des témoins oculaires déclarèrent par la suite avoir été menacés et contraints par le FBI.

Pendant que Peltier était au Canada, le Bureau de l'Alcool, Tabac et Armes à feu (BATF) retrouva un fusil AR-15 à Wichita, Kansas. D'une manière extrêmement contestable, l'accusation établit un lien entre cette arme et la fusillade. Le FBI retrouva une prétendue douille de calibre 223 dans le coffre de la voiture de l'agent Coler. Son identification, cependant est extrêmement suspecte car des documents du FBI et des témoignages contradictoires indiquaient qu'elle avait été trouvée par deux agents différents et des moments différents. Il ne restait plus maintenant qu'à établir un lien entre cette douille et l'AR-15 de Wichita. Ce lien fut fourni par Evan Hodge, expert du FBI pour les armes à feu. Hodge certifia que, d'après les traces de l'extracteur, la cartouche de calibre 223 avait été chargée dans l'AR-15 de Wichita, puis tirée. Il dit qu'un test plus précis avait été effectué sur le percuteur, mais qu'il était resté "non concluant". Puisque l'AR-15 ne peut éjecter de douilles à plus de 3 mètres, on en conclut que la cartouche avait été tirée près des voitures des agents, c'est-à-dire près de l'endroit où les corps avaient été trouvés.

Le gouvernement soutint ensuite que les agents avaient été tués avec une arme dont les caractéristiques étaient celles d'un AR-15 tirant à bout portant, qu'une telle arme, ayant un lien avec Peltier, avait tiré près de l'endroit où se trouvaient les corps des agents et que, puisque cette arme était le seul AR-15 utilisé dans la fusillade, Leonard Peltier devait l'avoir utilisée pour tuer les agents Coler et Williams. La défense n'aurait pas pu faire grand chose pour contrer cette argumentation, puisque le Juge Benson n'aurait pas permis que les agents soient interrogés à propos des contra-dictions entre leurs témoignages et les premières dépositions écrites. En se basant seulement sur ce peu solide enchaînement de preuves indirectes, le jury, entièrement composé de Blancs, déclara Peltier coupable de deux meurtres au premier degré, le 18 avril 1977. Peltier fut condamné par le Juge Benson à deux peines de prison à vie consécutives. En dépit du fait qu'il n'avait encore jamais été condamné, il fut envoyé dans l'infâme prison de "sécurité maximum" de Marion, Illinois. Cette prison, considérée comme l'étape finale pour les plus dangereux criminels dans le système pénitencier fédéral, a été de plus en plus utilisée pour y incarcérer des prisonniers politiques dans les conditions les plus dures.


L'ACTION JURIDIQUE EN FAVEUR DE PELTIER

Un appel de la condamnation de Peltier, basé sur la malhonnêteté prouvée du FBI, telle la fraude concernant les affidavits signés par Myrtle Poor Bear, fut rejeté par la Huitième Cour d'Appel des Etats-Unis. La Cour décida d'ignorer les preuves des crimes commis par le FBI. Tirant argument de l'importance particulière de la preuve balistique, elle confirma la condamnation de Peltier. Peu de temps après, le premier juge, William Webster, quitta la Cour pour prendre ses nouvelles fonctions comme Directeur du FBI. Un appel fut déposé devant la Cour Suprême qui, sans explication, refusa d'examiner le cas le 11 février 1979.

En 1981, après une procédure légale s'appuyant sur la Loi sur la Liberté d'Information, un document du FBI de 12 000 pages concernant Leonard Peltier fut remis à ses avocats. Mais 6 000 autres pages furent retenues pour, entre autres, raison de "sécurité nationale". Les documents qui avaient été remis contredisaient directement, sur plusieurs points, le témoignage des agents du FBI et autres témoins à charge durant le procès Peltier. La contradiction la plus grave était contenue dans un télétype du Bureau, en date du 2 octobre 1975. Il indiquait qu'Evan Hodge avait, en réalité, fait un test de percuteur sur l'AR-15 de Wichita immédiatement après l'avoir reçu et l'avait comparé aux douilles trouvées sur le terrain. Contrairement à son témoignage au procès, où il avait affirmé que le test avait été non concluant, son rapport indiquait que l'AR-15 contenait "un percuteur différent" de celui utilisé durant la fusillade. En d'autres termes, le rapport remettait en question la validité de ce que le procureur considérait - et la Cour également - comme la plus importante pièce à conviction du procès.

Ces documents furent à la base d'une nouvelle série d'appels. Quand une audition fut finalement tenue en octobre 1984, Evan Hodge torpilla la thèse de l'accusation en affirmant que le télétype en question ne concernait pas l'arme de Wichita mais un autre AR-15. Il affaiblit ainsi l'accusation selon laquelle un seul AR-15 avait été utilisé, établissant un lien entre l'arme et Peltier. Hodge infligea le plus grand dommage à la thèse de l'accusation en se parjurant lui-même à propos de l'enchaînement des preuves et en s'y trouvant piégé. Quand, un an plus tard, l'appel vint en audience, le gouvernement réalisa apparemment que sa thèse de circonstance basée sur des preuves balistiques avait échoué. Les procureurs fédéraux mirent alors en avant l'argument selon lequel Peltier avait été coupable de "complicité" dans le meurtre des agents, et non auteur principal du crime. Cette théorie dispensait le gouvernement d'avoir à placer Peltier près des agents avec l'AR-15. "Nous ne pouvons prouver qui a tué ces deux agents", admit le procureur Lynn Crooks. Quand on lui demanda si Peltier avait été le complice de Butler et Robideau (qui avaient été reconnus par un jury comme ayant agi en état de légitime défense), il répondit : "il a été complice de celui qui tira le coup de feu final ; peut-être complice de lui-même. Et heureusement, le jury a voulu croire qu'il avait fait tout cela. Mais néanmoins, une complicité". C'était là un aveu accablant de la part de l'accusation puisque c'était le fait que Peltier avait été jugé comme auteur principal du crime qui avait permis au Juge Benson de rejeter l'argument de la légitime défense. Ses co-inculpés avaient été jugés à Cedar Rapids pour complicité, sur exactement les mêmes faits et ils avaient été acquittés.

La Cour d'Appel, après avoir délibéré pendant presque une autre année, rendit sa décision le 22 septembre 1986. Elle constat que l'affirmation de l'accusation, selon laquelle un seul AR-15 avait été utilisé au cours de la fusillade, était maintenant suspecte, indiquant la présence de plusieurs armes de ce type. En dépit des problèmes que cela posait à la thèse du gouvernement, la Cour confirma la condamnation de Peltier. Ils déclarèrent que la preuve, nouvellement découverte, créait seulement la "possibilité" et non la "probabilité" que, si elle avait été connue au moment du procès, le verdict aurait pu être différent. Dans ce cas, en accord avec une jurisprudence établie par la Cour Suprême en 1985, le verdict fut maintenu. Pour justifier cette décision équivoque, la Cour soutint que : "Nous reconnaissons qu'il y a dans ce rapport la preuve d'une conduite incorrecte de la part de certains agents du FBI, mais nous répugnons à leur imputer d'autres malhonnêtetés". Il doit être clair, cependant, que ce n'est pas là un problème de "conduite incorrecte de la part de quelques agents du FBI", mais un programme de répression politique contraire à la loi, coordonné au plus haut niveau à l'intérieur du Bureau. La probabilité que de tels abus soient le résultat des actions maladroites d'agents isolés et trop zélés est extrêmement faible. Le Juge à la Cour d'Appel, Gerald Heany, révéla plus tard que cette décision était la plus difficile qu'il ait eu à prendre depuis 22 ans qu'il siégeait au banc du gouvernement. "Le FBI cacha à la défense quantités d'informations balistiques qui auraient pu être utiles (...) Je me sens très mal à l'aise vis-à-vis de notre décision, à cause de l'incident Myrtle Poor Bear ; l'expert en balistique n'a pas mis à la disposition de la défense toute l'information qu'il avait au moment du procès (...) Il me semble que le FBI était également à blâmer dans la fusillade et que Peltier n'en porte pas l'entière responsabilité."

La décision de la Cour d'Appel était la suite logique d'une collusion judiciaire avec les plans du FBI - énoncés dans son rapport du 20 juillet 1976 - afin d'empêcher Peltier d'établir la responsabilité du FBI dans les conditions qui ont conduit à la fusillade. Vue dans le cadre étroit défini par le Juge Benson, on peut penser que la nouvelle preuve n'aurait pas changé le verdict du jury. Examinée dans le contexte des opérations de répression policière du FBI sur Pine Ridge, il n'est pas seulement probable, mais certain - ainsi que l'a montré le procès de Cedar Rapids - que l'issue du procès aurait été différente. Le 5 octobre 1987, la Cour Suprême du Président Reagan refusait de se saisir de ce cas, sans commentaire.


LE SOUTIEN INTERNATIONAL À PELTIER

Le 3 décembre 1990, Peltier commença une nouvelle bataille légale, par le dépôt d'une assignation en Habeas Corpus, devant la Cour US du District de Eastern Kansas. L'assignation soutenait que les droits constitutionnels de Peltier d'être informé des charges pour lesquelles il était jugé et de pouvoir se défendre sur ces charges, avaient été violés. Alors que le gouvernement avait soutenu, durant le procès, que Peltier était "l'auteur principal du crime" qui avait "exécuté" les agents, il admettait maintenant qu'il ne pouvait prouver ces charges et que Peltier avait été "complice" du meurtre des agents. L'accusation soutenait que c'était là une distinction non-pertinente, puisque la charge de la preuve était moins contraignante pour la complicité et que les peines étaient les mêmes. Cependant, la nature des arguments et preuves dont la défense était autorisée à faire état était différente selon que l'accusé était jugé pour complicité ou pour meurtre. Ce fut le fait que Peltier était jugé comme l'auteur principal du crime qui permit au Juge Benson de rejeter l'argument de légitime défense et aux preuves de la malhonnêteté du FBI de ne pas avoir été prises en compte. L'assignation affirmait également que le droit de Peltier à un procès honnête et impartial avait été violé par l'atmosphère de peur et d'intimidation qui avait dominé le procès, ainsi que par "l'énorme et continuelle" malhonnêteté du gouvernement.

Aujourd'hui, le cas de Leonard Peltier est un symbole - à la fois positif et négatif - pour les peuples Indigènes qui sont partout en lutte contre l'expropriation illégale de leurs terres et la destruction de leurs cultures. La résistance sans compromis qui est celle de Peltier, a alimenté la croissance d'un mouvement international qui concentre son attention, non seulement sur son cas, mais sur les problèmes plus larges des droits Indigènes à la terre et des prisonniers politiques aux Etats-Unis. Des millions de personnes à travers le monde ont écrit des lettres et signé des pétitions demandant un nouveau procès pour Peltier. Ils ont été rejoints par 50 membres de la Chambre des Représentants, 51 membres du Parlement Canadien (dont le Conseiller Juridique de la Couronne au moment de l'extradition de Peltier ), l'Archevêque de Canterbury, le Prix Nobel de la Paix l'Archevêque Desmond Tutu et de nombreux autres leaders politiques et religieux. Les gouvernements tribaux de 20 réserves, y compris Pine Ridge, ont adopté des résolutions demandant un nouveau procès.

En 1986, Peltier reçut le Prix International des Droits de l'Homme par la Commission des Droits de l'Homme d'Espagne.

Dans un sens négatif, le procès Peltier montre jusqu'à quelles extrémités peut aller le gouvernement américain pour supprimer un opposant. L'usage des Cours de Justice, comme une arène où sont éliminés les militants politiques, n'est pas une tactique nouvelle. La persécution judiciaire a été le moyen utilisé par le gouvernement pour neutraliser les mouvements de libération nationale. Le système judiciaire est utilisé par l'Etat pour légitimer la répression de nos luttes. L'ennemi gagne souvent dans les procès politiques, même quand le verdict du jury est en notre faveur. Traduire en justice les combattants de la liberté sous des inculpations "criminelles", pour des actions politiques, offre à ces forces d'oppression la possibilité de créer un climat de peur chez ceux qui demeurent endormis dans l'illusion de la liberté. C'est à travers le processus judiciaire que nos mouvements sont criminalisés et l'agression de l'Etat légitimée.

De sa cellule, Leonard Peltier continue son travail de militant. Il a utilisé la publicité qui a entouré son cas pour attirer l'attention sur le problème le plus large du refus des droits religieux pour les prisonniers Indigènes, du refus du traitement médical aux prisonniers et autres violations des conventions internationales sur les Droits de l'Homme. Leonard Peltier peut maintenant être reconnu innocent et retrouver la liberté. En attendant ce moment, son nom demeure un cri de ralliement pour la lutte de tous les peuples Indigènes et une condamnation pour le mépris évident, montré par le gouvernement des Etats-Unis envers les Droits de l'Homme à l'intérieur de ses frontières.


DEVELOPPEMENTS RECENTS

Pendant une audience en décembre 1995, le procureur des Etats Unis Lynn Crooks a de nouveau admis qu'aucune preuve n'existe contre Peltier. Il ajoutait que le gouvernement ne l'avait jamais réellement accusé de meurtre, et que si Peltier était rejugé, le gouvernement ne pourrait pas le recondamné. Le Conseil de Liberté Conditionnelle, a décidé cependant de ne pas accorder cette liberté conditionnelle parce que Léonard continue d'affirmer son innocence (ils ont argumentés que Peltier n'avait pas donné "un exposé spécifique et réel de (ses) actions ..... compatible avec le verdict de culpabilité du jury" et parce qu'il était le seul incarcéré.
Aussi ridicule que ce raisonnement puisse être, il a été jusqu'ici maintenu en prison. Une requête de mesure de clémence est resté sans réponse pendant trois ans après avoir été déposée au Ministère de la Justice. Le retard a été expliqué à titre d'excuses par les fonctionnaires du gouvernement comme une interminable révision d'une affaire complexe.


Audition du 12 Juin 2000 - en vue d'une libération éventuelle
(communiqué du CSIA)


L'examinateur de la Commission des libérations sur parole refuse de prendre en considération les nouveaux arguments.

Le cas de Leonard Peltier, a été examiné le 12 Juin 2000 lors d'une audition qui s'est déroulé au pénitencier de Leavenworth (Kansas). L'audience s'est tenu afin de déterminer les raisons pour lesquelles la Commission des libérations sur parole devrait rectifier sa décision prise en 1993 de refuser une libération à Leonard Peltier. Les porte-parole de Leonard Peltier ont expliqué devant la Commission que les urgences sur les plans de la santé et des obligations familiales de Léonard ainsi que ses accomplissements positifs dans des projets sont tous des raisons pour que la Commission reconsidère son déni de libération conditionnelle. Ils ont également argumenté que la décision initiale de la Commission était injuste. Ils ont affirmé que la Commission n'a pas encore apporté de justification concernant son refus d'une libération dépassant le cadre de ses propres critères et recommandations.

L'examinateur de la Commission a refusé de lire un rapport rédigé par le Dr. Peter Bash qui, après avoir passé des dossiers médicaux récents de Peltier, à déterminé que ses problèmes de santé pourraient entraîner "un" occlusion récurrente de la veine centrale rétinienne, une attaque cardiaque, pathologie cardiaque et une insuffisance rénale". Le Docteur a noté également que plusieurs problèmes de santé de Leonard Peltier n'avaient pas été traités de manière appropriée par le personnel médical pénitentiaire.

Durant cette audition, étaient présents des représentants d'Amnesty International, du COnseil National des Eglises, du Congrès National des Indiens Américains et de l'Assemblée des premières Nations. La partie légale incluait les avocats Jennifer Harbury, Carl Nadler et Ramsey Clark, ancien procureur général des USA. Jean Ann Day, survivante du "règne de terreur" sur la réserve de Pine Ridge a aussi apporté son témoignage. L'examinateur n'a pas répondu aux appels d'Amnesty International ni du Conseil National des Eglises, et n'a montré aucun intérêt au sujet des huit propositions de réinsertion avec logement et emploi émanant de diverses organisations et tribus indiennes.

De plus, l'examinateur a refuse de prendre en considération les 10.000 lettres reçues depuis les trois derniers mois de citoyens américains, d'organisations pour les Droits humains, de sommités et membres de la communauté internationale en soutien à la libération de Leonard Peltier.


Leonard devant l'une de ses toiles
Leonard devant l'une de ses toiles



Téléchargez l'ancienne brochure du LPDC (en anglais)



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