"A la recherche d'une guerre sainte"
Par Mumia Abu-Jamal
Ecrit depuis le couloir de la mort le 27/09/2001.

"L'ardeur est l'arme de choix de l'impotent" Dr. Frantz Fanon.

Tout au long de l'histoire américaine, une chose est demeurée la même : l'effort continu de l'Etat, et de ses élites dirigeantes, afin de diaboliser une certaine personne, ou un certain groupe, afin d'en faire un danger suffisamment grand pour justifier la guerre. Nous sommes tous en plein dans la forme la plus récente de cet exercice. Ceci pouvait être perceptible dans les toutes premières heures suivant les attentats suicides ayant amené l'effondrement des tours jumelles du World Trade Center en plein New York City, et l'attaque aérienne menée contre le Pentagone à Washington, D.C.. Vous rappelez-vous lorsque les hommes politiques ont pris la parole pour commenter les évènements : "il s'agit d'une bataille entre le bien et le mal". Pourquoi pas : "Ceci concerne ceux qui s'opposent à la civilisation ?".

C'est assez serré, mais les représentations les plus récentes pour le démon mondial sont Usama Bin Laden, et la clique dirigeante d'un Afghanistan ravagé par la guerre, les Talibans. Ce qui est intéressant, lorsque l'on remonte quelques années auparavant, réside dans la similitude entre les personnages historiques, qu'il s'agisse de Sadaam Hussein, ou Manuel Noriega du Panama. Comment ces hommes d'apparence différents se rejoignent-ils ? Et bien, avant que les machines médiatiques américaine ne nous assurent qu'ils étaient l'incarnation du démon, ils vantaient leurs relations amicales avec les Américains. Messieurs Bin Laden, Hussein et les premiers Talibans furent armés et/ou formés par la CIA, ou directement par l'industrie militaire, afin de combattre les Russes (les Soviets à cette époque) et les Iraniens sous le régime de feu Khomeini. Le Général Noriega était le meilleur pote de Georges I (l'ancien président) Bush, dès lors qu'il servait les intérêts américains afin de déstabiliser les partisans de César Sandino qui dirigeait alors le Nicaragua. Lorsqu'il en eut assez d'être du côté de Washington, les médias firent retentirent les roulements de tambour contre le Général. "Il fournit de la drogue". "Son gouvernement n'est pas démocratique".

Le fait d'arme majeur des Talibans, avant le 11 Septembre 2001, résidait dans la destruction d'un lieu saint Bouddhiste en Afghanistan. Lorsque j'en ai entendu parler, je n'ai pas pu m'empêcher de repenser aux agissements du pape Gregory I, dont il a été rapporté : "Des statues en marbre de l'ancienne Rome ont été abattues, la plupart par Gregory le Grand, et transformées en chaux. Des monuments en marbre ainsi que des mosaïques furent également réduits à l'état de chaux, ou cédés afin d'embellir des cathédrales dans toute l'Europe, jusqu'à l'Abbaye de Westminter à Londres. Les ravages concédés à ces œuvres en marbre sont remémorés sur les minces plaques ornées AVEC DES LEGENDES D'ORIGINE QUE L'ON PEUT TOUJOURS TROUVER DANS DE NOMBREUSES EGLISES AUJOURD'HUI". (H. Ellerbe, 'The Dark Side of Christian History', [1995, p. 50).

Les Talibans sont-ils les seuls à avouer leur aversion pour la femme ? Le Père de l'Eglise, le grand Tertullian, déclara une fois à propos des femmes : "Vous êtes la voie vers le démon. Vous êtes responsables du déracinement de l'arbre. Vous êtes les premières à avoir déserté la loi divine. C'est vous qui l'avez persuadé (Adam) que le démon était trop faible pour attaquer. Vous avez détruit avec tellement d'aisance l'image de Dieu, l'homme. En raison de votre abandon -- qui vous a valu la mort -- même le fils de Dieu doit mourir." (Ellerbe, P.115). Le philosophe chrétien du 6ième siècle, Boethius, écrivit "La femme est un temple édifié au-dessus des égouts.", issu de "The Consolation Of Philosophy".

Peu nombreux sont les écrivains ou les historiens à avoir montrer du doigt de telles figures historiques du Christianisme, et à les avoir étiqueter "fanatiques religieux". Et pour devancer des allégations agitées assumant que je me fais l'apôtre des Talibans, je tiens à souligner le fait que c'est la CIA qui leur a tracé la voie à suivre en leur apportant leur support lors du démantèlement du gouvernement Najibullah appuyé par les Russes.

L'Afghanistan est telle qu'elle est aujourd'hui en raison de la CIA, et de son équivalent Pakistanaise (1), qui en ont voulu ainsi. Gardons-nous des conflits religieux. En tant qu'humain, nous avons plus qu'assez de folie pour nous satisfaire.
(c) MAJ 2001

Text (c) copyright 2001 by Mumia Abu-Jamal.
All rights reserved. Reprinted by permission of the author.

Traduction  : David

Les notes ne figurent pas sur l'article original mais ont été rajoutées pour informations.

(1) Le service de contre-espionnage Afghan ce nome le ISI (Interservice Intelligence Directorate). Dans son ouvrage "Unholy Wars", page 3, John K. Cooley écrit : "Deux puissances islamiques, l'Arabie Saudite et le Pakistan, allié à la "seul super-puissance mondiale encore existante", les Etats Unis, ont en 1994 créé un monstre de l'extrémisme Islamiste, le mouvement Taliban."
Les liens entre l'extrémisme islamique et l'occident ne se limitent pas à l'époque contemporaine. Au début du 20e siècle, ce sont les figures clefs de la politique étrangère Britanique qui permirent à la famille Saudi, de prendre le pouvoir sur l'ensemble de la péninsule arabique qui allait devenir l'Arabie Saudite. Avec les Saudi, le Wahhabisme, le courant islamique sur lequel se fondent tous les intégrismes en Islam, accéda au pouvoir. L'ouest de la Péninsule arabique dans laquelle se situent les lieux Saint de l'Islam (la Mecque et Yathrib/Médine) était en effet une zone stratégique pour l'empire coloniale britannique puisqu'elle longe la route des Indes, c'est l'empire Britanique qui aida la famille Saudi a prendre le pouvoir sur la région ouest de l'arabie. Il est bien connu dans le monde musulman que les Saudi et le Wahhabisme ont depuis toujours été les pantins de l'occident et ont facilité les intérêts occidentaux dans la région. A ce propos Didier Ali Hamoneau écrit en commentaire de sa traduction de l'ouvrage de l'Imam Jalâluddïn as-Suyûtî : "Le retour de Jésus" page 134 : "En plus, ils servent presque toujours les intérêts politiques, économiques et géostratégiques militaires des puissances non-musulmanes. Les dirigeants occidentaux ne s'y trompent d'ailleurs pas, et c'est leur intérêt, également idéologique, que de soutenir les formes les plus rétrogrades et repoussantes existantes dans l'Islam actuel".

 

In search of holy war
[col. writ. 9/27/01] *2001 Mumia Abu-Jamal

"Fervor is the weapon of choice of the impotent." -- Dr. Frantz Fanon

Throughout American history, one thing has remained constant; the continuous effort of the state, and its ruling elites, to demonize some person, or some group, as a predicate for war.

We are all in the midst of but the latest expression of this exercise. This was visible in the very first hours after the suicide bombings and destruction of the twin towers of the World Trade Center in New York City, and the aerial strike against the Pentagon in Washington, D.C. Remember when the politicians lectured the nation about, "This is a battle between good and evil"? How about, "This is against those who oppose civilization itself"?

There is a close tie, but the latest figures for global demonization are Usama bin-Ladin and the ruling clique in war-ravaged Afghanistan, the Taliban.

What is interesting, when you look back a few years, is the similarity with other historical figures, like Saddam Hussein, or Manuel Noriega of Panama.

Why are these disparate figures similar?

Well, before the U.S. media machine assured us they were devils incarnate, they boasted of their friendship with the Americans. Messrs. bin-Ladin, Hussein and the forerunners of the Taliban werearmed, and/or trained by the CIA, or directly by the military industries, to fight against the Russians (then the Soviets) and the Iranians under the late Ayatollah Khomeini. General Noriega was best buds with George I (the former President) Bush, as long as he was helping U.S. efforts to destabilize the Sandinistas when they ran Nicaragua. When he got tired of playing along with Washington, the media began its drumbeat against the General. "He's dealing in drugs!" "His government isn't democratic!"

The Taliban's biggest exposure, before 11 Sept., 2001, was the destruction of ancient Buddhist shrines in Afghanistan. When I heard of it, I could not help but think of the acts of Pope Gregory I, of whom it is said:

Marble statues of ancient Rome were torn down, most notably by Gregory the Great, and made into lime. Architectural marbles and mosaics were either made into lime or went to adorn cathedrals all over Europe and as far away as Westminster Abbey in London. The ravaging of marble works accounts for the thin ornate slabs WITH ANCIENT INSCRIPTIONS STILL FOUND IN MANY CHURCHES TODAY.
(H. Ellerbe, The Dark Side of Christian History, [1995], p. 50)

Are the Taliban unique in their aversion to women? The great Church Father, Tertullian once said of women:

You are the devil's gateway: you are the unsealer of that tree: you are the first deserter of the divine law: you are she who persuaded him (Adam) whom the devil was not valiant enough to attack. You destroyed so easily God's image, man. On account of your desert -- that is, death -- even the Son of God had to die. (Ellerbe, p. 115).

The 6th Century Christian philosopher, Boethius once wrote, ain his The Consolation of Philosophy, "Woman is a temple built upon a sewer."

Few are the writers and historians who point to such Christian historical figures and label them as "religious fanatics."

And before some wag claims I am an apologist for the Taliban, I need only point out that it was the U.S. CIA, who paved the way for them to come into being, by their support of the destruction of the Soviet-backed Najibullah government. Afghanistan is the way it is today, because the American CIA, and Pakistani intelligence wanted it that way.

Let us beware of religious wars.

Being human, we have more than enough madness to go around.

 

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